La Franc-maçonnerie dans les ports

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L’ouvrage est la collection de 11 articles de chercheurs francophones et anglo-saxons sur les loges portuaires, un sujet qui n’avait jusqu’alors jamais été traité dans un contexte académique. Les chercheurs des Universités de Bordeaux et du Havre font ici des contributions de poids. En début d’ouvrage, une introduction de la professeure Cécile Révauger, Sœur et professeure à l’Université de Bordeaux. Les contributions sont segmentées en trois parties :a) Présence maçonnique en milieu portuaire où l’on y apprend que l’activité maçonnique en Espagne de 1739 à 1939 était particulièrement développée en zone portuaire, au vu des échanges commerciaux, et dont les maçons luttaient pour la liberté du commerce. En Grande Bretagne, certaines loges portuaires comportaient une fraction importante de FF prenant la Haute mer, alors qu’en Charente maritime, les loges ouvrent largement leurs portes à la bourgeoisie commerciale et aux acteurs du monde économique, qui tissent des liens avec les colonies et leurs loges, aux Caraïbes particulièrement.b) La loge portuaire, creuset interculturel : cette dimension apparaît notamment à New York, que Cécile Révauger étudie pendant la guerre de 7 ans, conflit souvent perçu comme la première guerre mondiale, et dans lequel les FF n’hésitent pas à continuer à commercer avec l’ennemi français. Ce cosmopolitisme est aussi relevé à Puerto Limon, un port du Costa Rica, où, à la fin du XIX siècle, des Noirs fréquentent des loges. Une contribution de Céline Sala sur le projet maçonnique de Port Vendres par Charles de Wailly, maçon des Lumières et contemporain de Ledoux, retiendra aussi l’attention du lecteur.c) Le monde maritime et la franc-maçonneries s’attache tout d’abord à cerner le parcours d’un parangon de la maçonnerie britannique, Thomas Dunckeley, un des nombreux Frères œuvrant à cimenter la cohésion du futur empire britannique et à la création de loges « flottantes », ayant des tenues sur un navire. Quant à l’article de Jean-Marc Massaut, il décrit un milieu de marins maçons, de Nantes en particulier, qui s’enrichira en participant de manière opportuniste et sporadique à la Traite, un épisode peu glorieux pour une Maçonnerie éprise, dit-on, des Lumières et des Droits de l’Homme.Comme c’est souvent le cas pour des ouvrages qui ne prétendent pas délivrer une perspective synthétique, l’on profite d’analyses pertinentes et détaillées et de haute qualité, sur une vie maçonnique souvent méconnue, alors que, par exemple, Bordeaux a joué un rôle clé dans la création du REAA et dans celui des degrés ajoutés.